Le monde de la mémoire



Un crâne ou plus exactement une coupe de crâne ; une tête de poisson, quelques fruits luisants de soleil, éclaboussés de lumière, acides piquants au cœur ; des nombres à égrener dans un compte à rebours ; un poisson ; une ligne. Des têtes sombres émergent, ployées, usées, témoignage de ce qu’elles furent mais aussi de ce qu’elles demeurent.

Ces éléments posés, inscrits là, dans la peinture, dans la matière, s’observent, se jaugent, se complètent ; nous regardent et nous interrogent.

Une esquisse de réflexion sur notre vie, notre travail ; une peinture contemporaine, actuelle mais souvent usée, frottée, patinée par les regards. Un mélange de mots, de photos, de dessins, de textures pour nous amener à des allers et retours, des interrogations : chancellement ! Des couleurs chaudes, intenses, pour nous inciter à aller voir derrière, au-delà, à les dépasser. Des poissons, des oiseaux-messagers, posés, là, nous interrogent, nous fascinent. Peinture de l’inconstance, du chancellement, de l’instabilité face à l’atemporalité. Peinture contemplative de la fragilité de la nature, de sa disparition progressive, de sa présence effacée dont ne subsistent bientôt plus que des traces. Un monde de l'air et de l'eau, du mouvement : figé, bloqué, arrêté.

Mais aussi des hommes, là , présents sans l'être, étrangers à eux-mêmes et au monde les entourant . Un arrêt sur image, comme si l'on pouvait saisir leurs pensées et s'affronter à eux. Miroir.

La peinture comme relecture d’une ancienne manière; refouler à nouveau des chemins déjà balisés. Reprendre la route de l’homme.

Erick LEPRINCE